Publier des livres ET des jeux ? Plutôt rare

« Éditer des livres et des jeux de société n’a pas été le fruit d’une planification mais simplement d’une passion de toujours pour les deux univers , explique Hadi Barkat, le directeur et fondateur d’Helvetiq. De plus je trouve que les deux rassemblent des compétences communes. » 

L'édition de livres et de jeux seraient-ils plus proches qu’on ne le pense ?

On a tendance à rapprocher le jeu de société du jouet. Et pourtant : on parle d’un auteur de jeu et non d’un inventeur, comme on parlera d’un éditeur et non d’un producteur. Le processus de sélection d’un jeu est assez proche de celui d’un livre. Le manuscrit devient prototype et est, lui aussi, étudié par l’équipe éditoriale : le jeu apporte-t-il quelque chose de nouveau, correspond-il à l’éditeur ? S’il passe les sélections, un contrat est établi avec l’auteur qui sera rémunéré, comme pour le livre, sous forme de droits.

Commence alors le travail de développement, plus ou moins important selon le type de jeu et l’avancée du prototype. Comme pour le livre, il faut veiller à la cohérence de l’ensemble, à l’esthétique, à l’orthographe… Y a-t il des points à modifier pour garantir l’équilibre du jeu ? Quel matériel choisir, quel thème, quelles illustrations ? À partir de là, les chemins s’éloignent au vu des exigences spécifiques de chaque domaine. Le jeu de société pose en effet un vrai défi de fabrication, car les éléments qui le composent peuvent être très divers (papier, carton, plastique, bois, aimants…) et les normes de sécurité sont strictes, particulièrement pour les jeux pour enfants.

livres et jeux

Livres et jeux : des produits complémentaires

Bien que le cœur de métier des deux domaines se situe auprès des indépendants spécialisés, on constate que les jeux de société prennent de plus en plus de place dans les grandes surfaces culturelles. En effet, la dématérialisation des films, de la musique (et des livres dans une moindre mesure) a amené les acheteurs de ces grandes enseignes à chercher un produit complémentaire pour les remplacer. Le jeu de société, qui connaît une croissance forte depuis quelques années, répond clairement à la problématique : le public cible est plutôt similaire, le produit n’est pas dématérialisable, la marge est acceptable, les auteurs sont de plus en plus connus et les jeux présentent, eux aussi, une dimension culturelle.

Hadi Barkat a été témoin de cette évolution : « Quel plaisir de voir les libraires s’approprier de plus en plus le domaine du jeu! Au début réticents, car déjà submergés par l’offre littéraire, ils ont petit à petit ouvert la porte. Ils ont rapidement su associer les deux mondes et faire des rapprochements cohérents. Un livre peut être intimidant, un jeu sur le même sujet peut représenter une clé d'accès intéressante. À mon avis ce n'est que le début des synergies entre les deux. »

 

À la croisée des deux mondes, Helvetiq se distingue par sa volonté originelle de travailler les deux produits. Aujourd’hui son offre est constituée autant de livres que de jeux. Leurs points communs ? L’accessibilité, une thématique forte, une attention particulière portée à l’esthétique… « Le message c’est : ’Rien n’est au-dessus de toi, rien n’est inaccessible’. Nous souhaitons être le compagnon du public pour accéder à n’importe quel domaine. Pas besoin de connaissances particulières pour profiter de nos jeux ou de nos livres. Nous avons envie de donner les moyens de sortir du tout digital. De donner l’occasion de créer du lien », précise Hadi Barkat.

 

   Et ensuite ?


Si on connaît depuis longtemps des livres ludiques – livres dont vous êtes le héros, jeux de rôles et autres Mais où est Charlie –, les jeux tournés vers le livre sont plus rares. Cependant on observe une nouvelle tendance autour de ce qu’on appelle le «jeu narratif», des jeux dont la règle amène les joueurs à vivre une histoire. On peut penser à Time Stories, Pour la reine, Critical… un nouveau genre dont on a hâte de voir l’évolution dans les prochaines années.

 

Ce qu'en pense l'équipe Helvetiq :